44 avenue Capitaine Resplandy
64100 Bayonne
Hitza Hitz — littéralement « ce qui est dit, est dit » en basque — engage la parole comme un pacte, une promesse gravée. Dans ce projet, le duo Sismikazot interroge la force de la parole donnée, le poids de l’engagement, et la dimension sacrée de la langue basque. En choisissant cette expression ancestrale, les artistes posent une valeur : revenir sur une parole n’est pas envisageable.
Dans le cadre de la première édition du festival Points de Vue, cette œuvre a été conçue comme un acte symbolique autant que visuel. Elle s’inscrit dans l’espace urbain comme un rappel silencieux de l’authenticité des mots, de la fidélité aux racines. Dotée d’une écriture soignée, intégrée au mur de la ville, elle dialogue avec les façades environnantes, sans exubérance visuelle mais avec une présence juste. L’œuvre affirme que, dans le ciment et la pierre, dans le concret du quotidien, la parole — surtout lorsqu’elle est donnée — se grave dans le temps.
Sismikazot était un duo d’artistes (actif jusqu’à octobre 2021) dont la démarche mêlait peinture murale, écriture, photographie et récit documentaire. Leur pratique portait une attention particulière à la parole, à la mémoire locale et aux récits collectifs. Chacune de leurs œuvres était accompagnée d’un journal visuel : des photographies, des croquis, des textes racontant leur immersion dans le territoire.
Depuis leur séparation en 2021, chaque artiste a travaillé dans des directions individuelles, mais l’œuvre produite en commun — comme Hitza Hitz — conserve une densité particulière. Leurs interventions urbaines ne cherchaient pas simplement à décorer, mais à tisser des ponts entre les habitants, l’histoire locale et le médium mural.
Chez Sismikazot, l’acte de peindre est aussi un acte de parole. Le mur devient support du texte, de la voix, du dialogue — un lieu de rencontre entre l’écriture visuelle et la vie collective. Le choix du duo de documenter chaque projet contribue à inscrire leurs œuvres dans une narration vivante, accessible, et généreuse.
Les coulisses de Hitza Hitz révèlent une aventure humaine et artistique marquée par l’écoute, la précision et un profond respect du territoire. Dès leur arrivée à Bayonne, Sismikazot mesurent la portée du geste : inscrire une expression basque ancienne sur un mur de la ville, c’est faire acte de parole. Une parole donnée, une parole tenue.
Ils mènent un travail d’enquête local, en immersion, grâce au propriétaire du mur et à sa famille. À chacun des membres, ils posent la même question : qu’est-ce que “Hitza Hitz” veut dire pour vous ?
Une réponse les marque particulièrement : “Dans le temps, on se tapait la main quand une affaire était conclue. La parole donnée était aussi forte qu’un contrat.”
La fresque se construit sous contrainte d’une météo particulièrement capricieuse. Le duo installe son matériel dans les caves du voisinage, travaille depuis une nacelle. Le temps manque, mais l’idée est claire : l’œuvre doit rester lisible, directe, solide.
Un détail passe souvent inaperçu : le berger représenté sur le mur porte une montre. Elle indique précisément 7h05 : petite aiguille sur le 7, grande aiguille sur le 1. Un message discret, presque crypté.
Ce code visuel fait écho à une expression bien connue dans la culture basque : “Zazpiak Bat” – Les sept provinces ne font qu’une.
Par ce symbole discret, les artistes rappellent l’unité du Pays basque à travers le temps et l’espace. Un geste silencieux, à la fois intime et politique, qui prolonge la force de la parole peinte : Ce qui est dit, est dit.