ARTISTES EN territoire

Avec Artistes en territoire, nous invitons des artistes à s’ancrer dans un lieu et à dialoguer avec celles et ceux qui l’habitent. Leurs créations prennent forme à partir des récits, des mémoires et des réalités locales. Ce dispositif fait écho au fil rouge retenu cette année pour Points de Vue : s’interroger comment l’art peut conserver, transmettre et valoriser des traces éphémères ou des mémoires partagées.

En 2025, deux résidences se déploient à Ciboure et à Hasparren.

CIBOURE

Quand : du 1 oct. 2025 au 14 oct. 2025 
Artiste : MURALESLIAN
Où : Trinquet Ttiki – 19 avenue Jean Jaurès

Le trinquet Ttiki, situé dans un point bas du bassin versant de la Nivelle, est vulnérable aux phénomènes d’inondations fluviales et grandes marées. Ce secteur, marqué par les submersions – comme celle de 1958 – devient le terrain de recherche de l’artiste Lian Murales, invitée à Ciboure pour interroger la mémoire de ces événements à partir des témoignages et des archives locales. Son projet mettra en lumière la façon dont ces traces, parfois enfouies, continuent de façonner le rapport des habitants à leur territoire.

Ce choix trouve un écho direct avec la démarche artistique de Lian : rendre visibles ce qui est souvent relégué dans l’ombre, qu’il s’agisse de gestes, de figures ou de fragilités. À Ciboure, cette attention se déplace vers une autre forme d’invisibilité : celle des vulnérabilités d’un paysage et des traumatismes laissés par les eaux.

Née aux États-Unis, ayant grandi en Catalogne et désormais installée à Bilbao, Lian développe une pratique figurative et contextuelle, profondément engagée dans l’espace public. Ses fresques monumentales donnent visibilité aux femmes travailleuses, aux artisans, aux communautés minorisées.

En 2022, sa peinture “The Hands of Many” à Ondarroa, rendant hommage aux ramendeuses de filets, a été élue 3ᵉ plus belle fresque au monde par les internautes.

HASPARREN

Quand : du 1 oct. 2025 au 14 oct. 2025
Artiste : MIOSHE
Où : Mur à gauche Harana – 2 place Elizadlde

À Hasparren, l’artiste Mioshe (Antoine Martinet) est invité à créer une œuvre murale en résonance avec un témoin rare de l’histoire ancienne : “la pierre d’Hasparren”, une inscription gallo-romaine qui évoque la reconnaissance d’un territoire aux contours culturels et linguistiques singuliers dès l’Antiquité. Conservée aujourd’hui dans l’enceinte de la mairie, cette pierre gravée rejoindra bientôt l’espace public, sur la place des Tilleuls, au cœur du bourg.

Le site retenu pour l’intervention – le mur à gauche Harana – met en dialogue cette mémoire millénaire avec un autre pilier de la culture basque : la pelote. Ici, patrimoine archéologique et pratiques populaires coexistent dans un espace en transformation, ouvert sur l’avenir. Ce contexte offre un terrain propice à une réflexion artistique autour des traces, des strates et des liens invisibles entre les époques, les formes et les récits.

Originaire de Rennes, Mioshe déploie un univers pictural foisonnant où se croisent figures hybrides, symboles historiques et éléments organiques. Ses fresques, réalisées en France comme à l’international – de Phnom Penh à Bucarest en passant par Saint-Pétersbourg – s’imprègnent toujours du contexte local pour composer des mythologies visuelles uniques. À Hasparren, son intervention prolongera cette démarche : inscrire une mémoire ancienne dans une création contemporaine, sans en figer la lecture, mais en ouvrant un espace sensible à l’imagination, au temps long et à l’interprétation.